L’AVENUE DE SCEAUX.

Un dessein contrarié.




Dernière des trois grandes avenues, elle ne fut jamais achevée.


    L'avenue de Sceaux fut la dernière des trois avenues a être aménagée. Sans doute initialement prévue d'emblée pour accéder par Sceaux au château de Fontainebleau puis qu'on trouve des les premiers plans de la ville cette dénomination. Quand le roi conçu le plan définitif de sa ville, destiné à mettre en valeur son palais, il fit agrandir sa place d’Armes jusqu'à la limite des Ecuries. Pour l’aplanir et en diminuer sa pente, il fit remblayer cet immense espace par de gigantesques quantités de terres et des milliers de mètres-cube prélevés sur le Montbauron. C’est ainsi que les bords de la place se trouvèrent surélevés par rapport aux contre-allées qui desservaient auparavant les hôtels particuliers qui la bordaient. Des escaliers de pierre furent conçus pour y descendre. Cette dénivellation qui atteint quatre à six mètres du côté de notre actuelle rue de la Chancellerie, est toujours visible actuellement quand on débouche de la rue de Satory. Elle sera un obstacle à l'avenir de l'avenue de Sceaux.




     Plan 1705. BMV. On distingue à la limite du dessin de la place d'Armes l'encoche signalant la différence de hauteur et la 'rampe' permettant l'accès. 
     Car dans le même temps, les trois anciennes et modestes allées de la patte d’oie furent élargies pour devenir les trois grandes avenues avec leurs doubles rangées d’arbres et leurs contre-allées. La première aménagée fut l’avenue menant à Saint Cloud et Paris. La seconde fut l'avenue centrale qui deviendra l'avenue de Paris après la construction du pont de Sèvres. De 1680 à 1685, quatre ans de travaux et de gigantesques travaux furent nécessaires pour le creusement de la tranchée au travers des prolongements du relief du Montbauron. Longs, interminables et couteux, l'ampleur de ces travaux fut une des raisons pour lesquelles les aménagements de la troisième avenue qui devait conduire à Sceaux furent réduits au minimum et les travaux arrêtés. 

    Il y eut d'autres raisons : Le roi, toujours obsédé par ses jeux d’eau, a laissé installer sur les hauts du bois Saint Martin deux immenses réservoirs conçus par l'ingénieur Gobert pour recevoir les eaux de l’aqueduc de Buc. Bâtis au bout de l’avenue, ils la ferme définitivement. D'autre part, Le roi se désintéresse de ce prolongement projeté initialement destiné à rejoindre la route de Sceaux et Fontainebleau.

                                             Sur le plan de 1690 (BNF) on note l'existence du premier escalier.                                           

    Entre-temps s'était constitué, presque naturellement, un nouvel accès pour joindre Sceaux et Fontainebleau. Passant par l’avenue de Paris et contournant les dépendances de l’hôtel de Conti, un nouveau chemin s’est créé passant par les chantiers et entrepôts de bois qui s’y étaient installés. Il fut pendant un siècle la route de Fontainebleu par Sceaux et Choisy. Par ailleurs, cette partie de la ville était encore peu peuplée, le Parc aux Cerf n'était pas encore bâti, son lotissement est encore un échec. L'ancien village de Versailles venait d'être démoli en 1678. A la fin de son règne, plus personne ne s'occupait de rendre cette malheureuse avenue viable. Ce qui ne l’empêcha pas, curieusement, de conserver son nom.



En 1750, (plan AMV) l'escalier primitif a été remplacé par une rampe accessible au charrois.
          

    Impraticable, l’avenue le resta d’autant plus qu’aucune voie ne permettait de la désenclaver par rapport à la ville neuve. Le projet de créer la grande avenus Montbauron transversale bordée d'arbres qu'on distingue sur les premiers plans de la ville avait été abandonné. Les Ecuries et les jardins de la princesse de Conti sont infranchissables. Ce ne sera que très progressivement au 18° siècle remit en état cette malheureuse avenue sous la pression de la population du nouveau quartier Saint-Louis alors en pleine expansion sous Louis XV.

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